mercredi 1 avril 2009

LES REFORMES DARCOS / PECRESSE :

LE DEMANTELEMENT DE L’EDUCATION NATIONALE,
DEPUIS LA MATERNELLE JUSQU’A L’UNIVERSITE

Les réformes des ministres de l’Education Nationale Darcos et de l’Enseignement Supérieur programment le démantèlement systématique du service public de l’éducation en France. Quelques principes simples sont appliqués à tous les niveaux

  • Une baisse quantitative du nombre d’heures d’enseignement :
    maternelle et élémentaire : de 26 à 24 h /semaine soit 3 semaines de classe en moins par an ;
    secondaire : de 30 h minimum actuellement d’enseignements disciplinaires à 27 h maximum
    université : en Licence, diminution du nombre global d’heures consacrées à la discipline choisie (moins de la moitié des heures en première année). La qualité de la formation est touchée.
    L’alibi de l’allégement du rythme pour les plus petites classes ne trompe personne : il s’agit de mesures d’économie purement budgétaire.

  • Une réduction de l’offre d’enseignement,
    maternelle : suppression de la scolarisation des tout petits, fragilisation à terme des petites et moyennes sections (en dessous de 5 ans) : vers leur disparition au profit des ‘jardins d’éveil’ payants ?
    élémentaire: programmes marginalisant les activités d’éveil, de créativité et de construction de la pensée
    secondaire : resserrement du choix des options, marginalisation de certaines disciplines majeures (SVT, SES, Littérature, Histoire-Géographie etc.) ; suppression du BEP ; passage du Bac Pro. en 3 ans au lieu de 4 ans
    université : ● une pression budgétaire drastique pèse sur les IUT et annonce leur suppression à moyen terme ● certaines disciplines, considérées comme moins ‘rentables’ économiquement – notamment en sciences humaines – sont appelées à disparaître au niveau licence ● danger de suppression des IUFM qui assurent la formation au métier d’enseignant.
    A tous les niveaux, l’offre de formation se réduit. La culture n’a plus sa place dans le système Darcos : les enfants des milieux défavorisés en seront les premières victimes.

  • Le principe du ‘KIT’ : l’enseignement par pièces
    secondaire : sur le modèle universitaire : un morcellement de l’enseignement en ‘modules’ semestriels, alors que la durée et la continuité sont nécessaires aux apprentissages ; le ‘zapping’ disciplinaire est préféré à l’approfondissement et à la consolidation des acquis ; le ‘groupe – classe’ est disloqué de même que les équipes pédagogiques, alors que le seul traitement de l’échec scolaire ne peut être collectif ;
    ♦ université : premières années vidées de leur contenu par un émiettement des enseignements, une formation superficielle, un affaiblissement des contenus disciplinaires ; la ‘semestrialisation’ de l’année nuit à la continuité de l’enseignement et à un véritable projet pédagogique, cohérent et exigeant.
    Ce principe du ‘kit’ s’oppose à une réflexion globale sur la cohérence et la progression des programmes, du primaire au baccalauréat.

  • La mise en concurrence des élèves, des enseignants et des établissements
    élémentaire : évaluations nationales et livret de compétences, inadaptés, inutilisables sinon pour quantifier et comparer les écoles principalement, mais les élèves aussi
    secondaire : mise en compétition des établissements entre eux ; le choix de l’inscription apparemment laissé aux parents se heurtera à la sélection (sur dossier) par les établissements, renforçant les inégalités sociales
    université : La loi ‘Liberté et Responsabilité des Universités’ (LRU) donne une autonomie de gestion aux universités et vise à mettre en concurrence les universités dans un système à deux vitesses : pôles d’excellence universitaires d’un côté, simples collèges universitaires sous-dotés, coupés de la recherche, de l’autre.
    Cette mise en concurrence se fera au bénéfice des établissements les mieux dotés et renforcera un système à plusieurs vitesses. Le prétendu choix laissé aux parents pour la scolarisation de leur enfant se heurtera à la sélection des établissements: sélection par évaluation, sélection financière.

  • Le financement des études et de la scolarité : à la charge des familles et des étudiants
    maternelle et élementaire : jardins d’éveil payants ; le passage à la semaine de 24h sur 4 jours laisse les parents supporter seuls les frais de garde des enfants le mercredi
    secondaire : avec la suppression de postes de Conseillers d’Orientation, la responsabilité de l’orientation est transférée à des personnes non qualifiées… alors même qu’est prévue une semaine de réorientation entre les deux semestres : pour les parents, un recours aux bilans d’orientation payants dans le privé ?
    université : La LRU a pour objet de dégager de nouveaux financements pour les universités, d’où l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants, générale en Europe ces dernières années (autour de 2000 euros en Italie, 9000 euros par an pour une université moyenne en Grande Bretagne).
    Le principe d’une éducation laïque gratuite est, dans les faits, remis en question. Le nouveau système accroîtra les inégalités, contre la mixité sociale.

  • Suppression des aides à l’enfant / étudiant
    primaire : suppression des RASED (3000 enseignants spécialisés auprès des enfants en grande difficulté), que ne compense par l’ ‘aide personnalisée’ assurée par des enseignants non spécialistes.
    secondaire : réduction des postes d’infirmières, de médecins scolaires, Conseillers d’Orientation ; disparition des heures d’aide individualisée et des classes dédoublées.
    université : ● réduction du nombre de bourses ● suppression du stage d’un an rémunéré pour les étudiants qui auront réussi les concours de l’enseignement ● projets pour encourager l’endettement des étudiants pour qu’ils puissent payer leurs études.
    L’état fait payer son désengagement financier aux familles.

  • Fausse autonomie et vraie centralisation des pouvoirs
    primaire : les futurs Etablissements public d’enseignement primaire (E.P.E.P.) seront des regroupement d’écoles, administrés par des Conseils d’Administration où les enseignants seront largement minoritaires ; ces regroupements entraîneront la fermeture d’écoles moins ‘rentables’.
    université : Avec la L.R.U, les pouvoirs du président de l’université sont considérablement accrus, sans garde-fou prévu par la loi ; participation des enseignants-chercheurs et des étudiants au CA réduite.
    Ce nouveau mode de gestion signe la bureaucratisation du système.

  • L’évaluation et le contrôle contre la formation
    maternelle et élémentaire: : évaluations nationales et livret de compétences inadaptés, inutilisables pédagogiquement sinon pour quantifier et comparer ; pilotage du système éducatif par les seuls résultats impliquant le bachotage au détriment d’une réelle construction des savoirs, de la culture, de la pensée personnelle
    secondaire : Sconet, instrument de fichage des élèves ; appel à offre sur le contrôle des enseignants (‘veille de l’opinion’) : le choix du contrôle et de la répression au lieu de la formation
    université : ● Pour les enseignants, une évaluation purement quantitative et arbitraire de leurs travaux, au lieu de l’évaluation collégiale actuelle, fragilise la recherche. Cette évaluation bureaucratique des enseignants est principalement motivée par la volonté de supprimer des postes, avec pour conséquence la diminution de l’encadrement des étudiants.
    L’évaluation est coupée d’un programme de rémédiation et de formation : elle devient un simple instrument de classement, de sélection et de contrôle.

  • Vers la ‘déprofessionnalisation’ du corps enseignant
    primaire : La formation des enseignants est remise en cause (‘masterisation’, suppression des IUFM). Le projet de création des jardins d’éveil où l’accent est mis sur la garde des enfants et non sur l’enseignement, la diminution du nombre de remplaçants qui amène l’institution à recruter des contractuels via une Agence Nationale de Remplacement (ANR) mettra devant les enfants des adultes qui ne sont pas formés au métier d’enseignant
    secondaire : généralisation du recours aux remplacements par des vacataires sous payés, mal formés, pour des contrats courts (200h maximum) : combien de remplaçants (s’il y en a…) un élève verra-t-il défiler dans l’année ? ; généralisation de la bi- ou trivalence (un enseignant pourrait indifféremment enseigner l’anglais, le français, l’histoire…) au détriment d’une vraie compétence dans la matière enseignée
    université : ● La formation des futurs enseignants du secondaire (‘mastérisation des concours’) bouleversée : baisse du niveau de connaissances demandé dans la discipline, baisse de la formation pratique (suppression de l’année de stage). Or, l’enseignement est un métier qui s’apprend. L’affaiblissement des concours de recrutement nationaux va ouvrir la voie à la généralisation des enseignants vacataires et donc à des remplacements de courte durée . Cette réforme est cohérente avec celle des lycées : elle va permettre la mise en place des enseignement modulaires, avec des enseignants non titulaires, donc facilement recrutés puis mis à pieds.
    Conséquences : baisse de qualité de l’enseignement et remise en question de la compétence et de la légitimité même du rôle de l’enseignant.


Nous refusons cette entreprise de démantèlement sans précédent de l’Education Nationale, de la Maternelle à l’Université.


Nous refusons la démission des pouvoirs publics quant à la formation et l’instruction des enfants et des jeunes.


Nous appelons parents, enseignants, élèves, étudiants, à manifester leur opposition aux Réformes Darcos / Pécresse.


Enseignants et personnels du primaire, du secondaire, de l’Université, parents d’élèves / www.agnationale.org

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